Fédérale 1 : Périgueux en Pro D2

Dimanche, en remportant le choc contre Massy en demi-finale de Fédérale 1 de rugby, le Club Athlétique Périgueux-Dordogne (CAP) s'est couvert de gloire. Grâce à cette victoire sur le fil, le CAP jouera l'année prochaine parmi les professionnels de la Pro D2. Le prestige acquis par le club rejaillira naturellement sur la ville, au-delà du cadre purement sportif.
Au niveau départemental, c'est une autre paire de manches. Comme le président de la Chambre de commerce et de l'industrie Christophe Fauvel l'explique : « Je suis plus circonspect sur d'éventuelles retombées en termes d'image au niveau du Périgord. » Cette question n'est pas anodine car le club doit aller à la pêche aux financements, au-delà de ses partenaires traditionnels, pour mettre toutes les chances de son côté.
Des retombées, mais limitées
À l'instar du maire de Nontron Pierre Giry, les aficionados du ballon ovale n'ont aucun doute : « Cette victoire montre le dynamisme du département et renvoie de lui une belle image. Je crois que les gens vont s'apercevoir qu'il n'y a pas que les Eyzies et Sarlat en Dordogne. »
Pour l'adjoint aux sports de Périgueux Vianney Le Vacon, cette victoire redore le blason du Périgord : « Le CAP appartient au comité Périgord-Agenais dans lequel, traditionnellement, deux clubs brillaient : Périgueux et Agen. Agen a su se maintenir au haut niveau et, dimanche, Périgueux a retrouvé sa place. »
Plus prudent, le député Pascal Deguilhem pense qu'il est « difficile de mesurer la notoriété et l'image. Même si grâce à la diffusion de certains matchs de Pro D2 à la télévision, les noms de ''Périgueux'' et de ''Dordogne'' seront cités plus souvent ».
Christophe Fauvel tempère la liesse générale : « La concurrence est très vive en terme de rugby dans la région. Il existe des clubs qui sont des monuments historiques plus célèbres que Périgueux. Cela me semble un peu exagéré d'attendre plus qu'un impact local. » Le député Daniel Garrigue est d'un avis proche : « À Bergerac, nous avons le Sport Nautique (NDLR : aviron) qui a produit de nombreux champions internationaux, mais ça a eu un impact faible en dehors du sport. »
Objectif : doubler le budget
En changeant de division, le CAP doit chercher de nouveaux financements. Cette saison, son budget était de 1,5 million d'euros et, pour avoir sa chance l'année prochaine, il devra doubler.
Au-delà des acteurs institutionnels, il faut que le CAP noue des partenariats privés, comme le souhaite Pascal Deguilhem : « Il faut que les entreprises s'engagent durablement avec ce club. » Christophe Fauvel, avec sa casquette de président de la CCI, souhaite « être associé à des actions d'accompagnement de business, mais la CCI n'a pas les moyens de financer un club. À ce moment-là, pourquoi ne pas aider le BBD ou Bergerac Foot ? »
Demain, Le Conseil général et la mairie de Périgueux doivent signer une convention de partenariat. Ce sera pour eux l'occasion d'évoquer aussi le CAP. Pour le Département, il pourrait être question de doubler l'investissement dans le club. Et la mairie fera « un effort substantiel ». La course aux financements a débuté.[code]

C'est son adjoint, David Lacoste, qui a déniché la meilleure formule pour définir Marc Dantin : « Il a le cerveau ovale. » Grâce à cette anomalie anatomique imagée, l'entraîneur en chef du CA Périgueux réalise des prouesses, comme celle de dimanche, quand son équipe a validé sa qualification pour la finale de Fédérale 1, samedi contre Béziers, compostant du même coup son billet pour la Pro D2.
Ce Tarbais de 40 ans n'en était pas à son coup d'essai. Deux saisons plus tôt, il réalisait une performance encore plus incroyable en portant Lannemezan, Petit Poucet financier, dans l'antichambre du Top 14.
Quel est donc le secret de ce spécialiste de la montée, véritable gourou pour chacun des groupes où il passe ? « Les deux aventures sont différentes, note l'entraîneur. A Lannemezan, on travaillait ensemble depuis quatre ans, on avait moins de potentiel qu'à Périgueux. »
L'humain au centre de tout
Mais il y a bien un point commun entre ces deux épisodes : le lien quasi filial qui unit chaque membre de l'aventure. Car Marc Dantin place l'humain au centre de tout. « Il avait réussi à créer une famille, se souvient Gabriel Selva, son capitaine à Lannemezan, aujourd'hui troisième ligne de Céret (66). On était plus soudé que tous. À partir des quarts de finale, on a affronté que des équipes plus fortes que nous. » Et Lannemezan est passé. Grâce à une solidarité sans faille. « On n'était pas du tout formaté pour monter et l'on termine champion de France », se pince encore le talonneur Olivier Pujo. Grâce à une pénalité à la dernière seconde d'un jeune Reichel. Tiens, tiens, comme avant-hier avec Jérôme Bosviel.
Le modèle est quasiment la photocopie de celui appliqué à Périgueux. Parti pour une saison de transition, le groupe ciel et blanc, soumis à tensions lors du dernier exercice, s'est ressoudé autour de ce chantre de l'humilité. « Quand on jouait Périgueux, on affrontait toujours une équipe de superstars qui échouait toujours par manque d'humilité, se souvient Selva. Il a su faire redescendre tout le monde (sic.) »
« En arrivant, ma philosophie a été de mettre le comment avant le pourquoi dans mon projet », avoue Dantin. Pari réussi. Avec l'état d'esprit rêvé. « La notion de groupe existe réellement, reconnaît le troisième ligne Damien Costanzo. De toute ma carrière, c'est la saison où je ressens le plus de liens entre les joueurs. »
Le don de sublimer les siens
Tacticien hors pair qui mange de la vidéo et du rugby à longueur de journée, Marc Dantin, contacté par Christian Gajan et Bayonne l'été dernier, possède le don de sublimer un groupe. « Ce type est fou, sourit Selva. Il te permet d'accomplir plus que ce dont tu es capable. »
« Par moments, on aimerait qu'il nous lâche, se marre Pujo. Mais il est tellement pointu dans tout ce qu'il fait, il se soucie tellement du détail… Je crois qu'il ne dort pas ! »
Ça ne devrait pas changer à l'orée d'un challenge aussi excitant que le maintien en Pro D2. Relégué lors de son premier passage au deuxième niveau national, Marc Dantin ne souhaite pas revivre l'expérience.