Dans la drame, la Rochelle se tient pret

«C'est une situation dramatique, catastrophique. On est en pleine tourmente. » Max Guazzini, le président du Stade Français, n'a pas lésiné sur les mots pour exprimer hier matin son grand désarroi et son besoin d'aide sur les ondes de Radio Notre Dame. Le club parisien qui a été pendant plus de dix ans un modèle de réussite, est au bord du précipice et il ne lui reste que cinq jours pour échapper à une rétrogradation en Pro D2 voire au dépôt de bilan.
Lundi, Max Guazzini et Bernard Laporte, le nouvel administrateur du club, ont porté plainte pour escroquerie contre la FACEM, la fondation canadienne qui s'était engagée à investir au moins 12 millions d'euros dans les caisses du club grevées par un déficit de 5,8 millions d'euros. Que ces deux hommes, parfaitement rompus aux pratiques des affaires, aient pu se laisser berner par des investisseurs aux motivations incertaines, laisse songeur. Mais en attendant d'instruire leur éventuel « procès en ingénuité », les instances sont désormais essentiellement préoccupées par le sauvetage du Stade Français. « Jusqu'à lundi, on ne négligera aucune opportunité », affirme Patrick Wolff, le vice-président de la Ligue, qui suit le dossier.
1 Le plan Pool-Jones
Des solutions existent-elles ? Oui et dès lundi, une piste a été réactivée, celle qu'avait défrichée l'Anglais Richard Pool-Jones. Avant que Bernard Laporte ne fasse entrer dans le jeu la FACEM à la mi-mai, l'ancien troisième ligne avait réalisé un tour de table permettant au club de combler son déficit et de repartir sur des bases plus modestes mais solides. Serge Kampf, fondateur de Cap Gemini, y participait. Mais il n'était pas seul à amener sa surface financière et sa notoriété. Le nom de la société Oberthur Technologies a été évoqué.
Outre le manque de temps, plusieurs difficultés se dressent devant un plan de sauvetage monté dans l'urgence. La première est que ces repreneurs ont été ulcérés qu'on leur préfère l'option canadienne jugée « peu crédible ». La seconde, c'est que Laporte a recruté à tour de bras et que les besoins d'argent sont plus importants qu'en mai. « Mais on se contentera dans un premier temps d'un protocole, si les investisseurs sont sérieux », affirme- t-on à la LNR.
2 Panique dans les rangs
Les joueurs, qui s'apprêtaient à reprendre l'entraînement lundi, ont pour la plupart découvert les nouvelles difficultés du club hier en fin de journée. Depuis, le téléphone de leurs agents n'a pas arrêté de sonner. « J'ai eu Julien Arias, il tombe des nues », confie Laurent Quaglia. « Quant à Lei Tomiki, il allait prendre l'avion de Brisbane pour Paris. Je ne sais pas ce que je dois lui dire. » Même si le Stade Français est maintenu en Top 14, il est très probable que son budget prévisionnel sera retoqué par la DNACG et sa masse salariale revue à la baisse. Le club parisien devra-t-il se séparer de ses meilleurs éléments ?
« Il y a des joueurs qui évidemment intéressent et certains clubs nous l'ont fait savoir, explique Miguel Fernandez qui, avec Pascal Forni, a sous contrat quasiment la moitié de l'effectif parisien. Mais rien ne sera engagé avant que la décision finale de la DNACG soit arrêtée lundi. » Mais combien trouveront une écurie de Top 14 où rebondir ? D'autant que les salaires des meilleurs Parisiens risquent de se révéler prohibitifs pour des clubs qui ont pour la plupart bouclé leur marché. Ainsi, une valeur sûre comme le demi de mêlée Julien Dupuy n'est pas certain de trouver facilement, alors que tous les gros clubs ont déjà recruté du lourd à ce poste.
3 La Rochelle s'agace mais se tient prêt
Le mot d'ordre est strict au Stade Rochelais, qui serait repêché en Top 14 en cas de relégation de Paris : pas de commentaire. L'équipe dirigeante ne veut pas commettre d'impair. Mais dans la ville, l'impatience gagne du terrain, la colère aussi, face aux délais accordés au Stade Français. L'affaire est vécue comme un mauvais remake du sauvetage très provisoire de Bègles en 2002. Le CABBG avait évité la relégation grâce à son appel devant la DNACG, pour mieux exploser l'année suivante. La Rochelle, qui aurait pu être repêché, l'avait très mal vécu.
La situation est donc aujourd'hui très inconfortable pour le Stade. Alors que les principales écuries du Top 14 sont en train de reprendre l'entraînement, les jaune et noir sont dans l'attente. Pas question pour autant de refuser une éventuelle montée. Grâce aux droits télés qui l'accompagneraient, le Stade Rochelais se renforcerait illico. Avec des joueurs parisiens ?

Et colomiers aussi au cas ou Paris serait releguer en f 1!